Le kératocône est une maladie de la cornée le plus souvent bilatérale, non inflammatoire, caractérisée par un amincissement progressif du stroma cornéen qui entraîne une déformation irrégulière et progressive de la cornée. Celle-ci induit un astigmatisme irrégulier, responsable d’une baisse plus ou moins importante de la vision. Une myopie est souvent associée et des opacités cornéennes plus ou moins importantes peuvent apparaître. Le kératocône touche 1 personne sur 2000 dans la population générale. L’évolutivité du kératocône est très variable d’un patient à un autre et il n’est pas certain que l’évolution passera par toutes les étapes de l’aggravation.

Prise en charge du kératocône

Les formes mineures sont corrigées par des lunettes. Lorsque les lunettes ne permettent pas d’obtenir une acuité visuelle suffisante, le traitement consiste en l’adaptation de lentilles de contact, le plus souvent rigides. Quand la cornée est devenue opaque au centre, le seul traitement qui puisse être envisagé est la greffe de cornée lamellaire ou perforante. Quand les lentilles ne sont plus tolérées et que la cornée est toujours transparente au niveau de son centre, les anneaux intracornéens peuvent être utilisés. Si la maladie est évolutive le collagen corneal cross linking (CXL) permet de ralentir la maladie. Le traitement CXL peut être associé aux anneaux intra cornéens et au port de lentilles rigides.

L’opération

L’intervention est réalisée alors que le patient est installé sur le dos en milieu chirurgical.

Hospitalisation : l’opération peut se faire en ambulatoire ou en externe

Anesthésie : l’opération se pratique sous anesthésie locale par instillation de collyre.

Technique opératoire : A l’aide d’un laser femtoseconde ou éventuellement par un dissecteur manuel, un tunnel circulaire est réalisé dans l’épaisseur de la cornée (2/3 de la profondeur), de même le laser découpe une incision de 1 mm à la périphérie de la cornée pour permettre l’accès des anneaux à ce tunnel. Ce geste est réalisé au bloc opératoire sous anesthésie locale par collyres. Un ou deux segments d’anneaux sont introduits dans les tunnels à la périphérie de la cornée de façon à aplatir et régulariser le centre de la cornée afin d’améliorer l’acuité visuelle du patient. Le centre de la cornée n’est pas touché par cet acte chirurgical.

En post-opératoire le patient peut ressentir une gêne oculaire superficielle pendant quelques jours. Le traitement associe un collyre antibiotique et corticoïde et des collyres lubrifiants à la surface de la cornée pendant 2 à 4 semaines.

L’évolution postopératoire habituelle

Un contrôle est réalisé au cours de la première semaine, à un mois, puis régulièrement. L’acuité visuelle met en général plusieurs semaines à s’améliorer car l’effet des anneaux est progressif. Après l’implantation des anneaux, l’acuité visuelle des patients peut être améliorée par le port de lunettes ou de nouvelles lentilles qui sont le plus souvent bien tolérées en raison de la nouvelle forme de la cornée. Après cette chirurgie, un traitement par le laser Excimer de surface peut être également réalisé pour diminuer certaines anomalies réfractives résiduelles. La mise en place des anneaux est un geste réversible et qui ne contre-indique pas ultérieurement la greffe de cornée en cas d’inefficacité.

Les complications

Les complications suivantes peuvent survenir; elles sont rares :

  • Extrusion d’un anneau : il est demandé au patient de ne pas se frotter les yeux pour éviter ce problème.
  • Infection au niveau d’un anneau : complication très rare.
  • Perception de halos lors de la conduite nocturne due à la visualisation par le patient des bords de l’anneau.
  • Efficacité insuffisante des anneaux.

Toutes ces complications peuvent être traitées par l’ablation des anneaux, ce qui permet à la cornée de retrouver son état antérieur avec préservation de la clarté du centre de la cornée, elles aboutissent très rarement à une perte de vision.